Une présence éducative sur Internet
04/08/2020

Étienne Chavarot, un nouvel animateur des Promeneurs du Net du Doubs.

  

M. Chavarot nous a reçu hier dans son bureau au CIJ du Doubs. 35 ans, souriant, bientôt papa, il prend la suite de Chantal Vivien à la coordination des Promeneurs du Net du Doubs.

 

- Votre parcours est assez atypique ; comment êtes-vous venu aux Promeneurs du Net ?

Effectivement. J’ai travaillé longtemps dans le commerce où j’ai vendu de tout, des lampes, des couteaux, des outils, du papier… jusqu’à devenir responsable de magasin. En parallèle, je me suis consacré à mon métier de cœur, l’écriture, la poésie, à des expériences associatives (banque alimentaire, radio libre) et artistiques. J’ai créé deux entreprises, expérimenté d’autres arts, la vidéo, la photographie, le modelage… Et puis un jour, alors que je venais tout juste de débuter dans un nouveau poste de responsable de magasin, j’ai senti un irrépressible besoin de faire autre chose, de me rendre plus utile. J’ai présenté ma candidature au CRIJ de Bourgogne-Franche-Comté, spécifiquement pour l’animation des Promeneurs du Net.

 

- Qu’est-ce qui vous a décidé ?

Le dispositif lui-même. J’en avais entendu parler par des amis, et lorsque j’ai vu passer l’offre, j’ai un peu plus étudié la question. Ça m’a semblé être un prolongement naturel de mes inclinations un peu « geek », de mon côté libriste militant (Un libriste est une personne attachée aux valeurs éthiques véhiculées par le logiciel libre et la culture libre en général (Wikipédia)). Ça répondait surtout à des situations auxquelles je me trouvais confronté régulièrement depuis des années avec les jeunes que je pouvais côtoyer : fake news, besoin de repères, de trouver un interlocuteur bienveillant en dehors des cercles habituels...

 

- Par exemple ?

Je me souviens particulièrement du dernier stagiaire que j’ai eu comme responsable de magasin : il était parfait, travailleur, sympa, motivé, il était en école de commerce, intelligent… mais, comme tant d’autres, quoique soudé à son smartphone, il était totalement pris au dépourvu face à un simple mail, à ne pas savoir comment y répondre, comment solliciter un entretien pour un stage. Il n’avait pas ces codes simples qui permettent de s’insérer dans la vie professionnelle ou d’entamer n’importe quelle démarche administrative. Il était une bonne illustration de ces jeunes de la « génération Z », nés et nourris aux écrans et aux octets, à qui l’on prête une science infuse, un super-pouvoir numérique, alors qu’ils se trouvent souvent tout aussi perdus que les autres dans les flots d’informations et de techniques nouvelles et, finalement, méconnaissent parfaitement l’outil qu’ils tiennent le plus dans leurs mains.

 

-Vous êtes venu pour lui ?

Je suis venu pour tous les jeunes, par conviction, parce que la démarche des Promeneurs du Net m’a semblé vraiment pertinente. Les jeunes viennent moins dans les structures, ils sont sur la Toile, sur Snap, Insta, Tik-Tok, Facebook, ou YouTube, et s’y trouvent en fin de compte beaucoup plus seuls et livrés à eux-mêmes que dans la vie réelle. C’est donc là qu’il faut être, pour leur proposer l’écoute et l’aide d’un adulte lorsqu’ils en ont le plus besoin.Les Promeneurs du Net assurent, en prolongement de leur travail, une présence bienveillante sur les réseaux sociaux qui permet à tous les jeunes de venir échanger avec eux, même s'ils ne fréquentent pas leurs structures.Ils ne jugent pas, ne sanctionnent pas, ils sont disponibles pour écouter, conseiller et soutenir, en toute confidentialité, en ligne ou en vrai. Ce dispositif traduit la prise en compte de la place du numérique dans la vie quotidienne. En effet, les 13-19 ans passaient déjà, en moyenne, 15h par semaine sur internet en 2017 [Junior Connect Ipsos 2017] et leur smartphone (84% des 13-19 ans en possédaient au moins un en 2018 [Junior Connect Ipsos 2018]) est devenu une de leurs toutes premières sources d’informations et de loisirs.L’animateur agit pour soutenir et développer le réseau des Promeneurs du Net, et le promouvoir auprès des parents et des structures dédiées à la jeunesse (centre social, foyer de jeunes travailleurs, maison des adolescents, accueil jeunes, MJC…).